Lyon Lumens, je vous explique tout

LYON LUMENS

INTRODUCTION :

Courant 2016, venant de finir mon dernier projet, Clermont-fd Perception, (que je vous laisse découvrir si ce n’est déjà fait) je déménage à Lyon pour des raisons personnelles.

Dans l’élan de ce dernier projet, je me dis que c’est l’occasion d’en faire un nouveau, plus abouti, sur ce nouveau terrain de jeux. C’est en tout cas une évidence pour moi, il faut que je profite de cette opportunité.

Les personnes qui me suivent depuis mes débuts, savent que j’aime explorer diverses techniques audiovisuelles, et que je profite de ces projets personnels pour m’améliorer, évoluer, tester…

J’ai de la patience et de la détermination pour m’aider à réaliser certaines techniques et pallier aux problèmes. L’exemple le plus basique est le timelapse, c’est un travail assez chronophage mais qui me convient très bien. Voir le rendu final de certaines séquences me conforte dans cette technique de prise de vue. Et voulant toujours explorer d’autres procédés, j’en viens à l’hyperlapse, le layerlapse… Et d’autres, sur lesquelles je reviendrais dessus plus tard dans l’article.

INTENTIONS/DÉFIS :

  • Ma première intention était de ne pas faire ce qui aurait pu être déjà fait. J’ai alors commencé un travail de recherche sur les sites de diffusions. Cela m’a aussi aidé à voir les points centraux de Lyon et m’a permis d’exclure des lieux qui sont tout le temps fait en hyperlapse. La passerelle du palais de justice, la fontaine des Jacobins, l’Hôtel de ville depuis les Terreaux. Bien que ce soit beau, mon optique était d’apporter de la nouveauté.
  • Ensuite, je voulais relever encore mon niveau d’exigence et de créativité. L’avantage d’une telle ville, c’est que les sujets ne manquent pas. Sachant que mon déménagement était l’histoire de quelques années, il fallait que je saisisse l’opportunité de faire quelque chose de beaucoup plus abouti. J’ai le temps nécessaire pour le faire et c’est une chance que je n’aurais probablement plus. Ce projet sera important dans mon portfolio.
  • Ma troisième intention, était d’apporter de la nouveauté dans ma manière de pré-produire, produire et monter. Le faire de manière plus cadrée. Ce sont des parties « sous-marines » pour les spectateurs, mais il faut que ça se ressente sur la vidéo finale. Il fallait que je me concentre un maximum sur le déroulé.. Et que je m’applique un peu plus sur l’étalonnage et le sound-design. Des choses que je n’avais qu’effleuré auparavant, me contentant de mettre une musique et des plans à la suite parfois sans relation.

Ce genre de projet est surtout un défi personnel. C’est en quelques sortes, un bac à sable pour moi. J’aime créer l’interrogation chez le spectateur, qu’il se demande comment tel ou tel plan a été fait, et apporter de la nouveauté pour les personnes qui suivent mon travail chaleureusement depuis mes premiers timelapse.

En parlant de défi, filmer des plans avec seulement un téléphone à main levée, en était aussi un.
Etre limité dans le matériel force la créativité, cela m’a toujours bien servi personnellement. Et puis le Canon 6D ne dispose pas de la 4K, ni de 60fps. Afin d’éviter l’achat d’un nouveau boitier, je m’oriente vers le téléphone. La vidéo était vraiment la nouveauté pour moi donc tout ne sera pas parfait, je le savais dès le début. J’ai donc essayé de faire au mieux, avec mes petits moyens. Sortir des projets aide à passer des caps de progression alors autant en profiter.

Pour résumé, je voulais faire quelque chose de plus pointu tout en explorant des choses encore inconnues/peu approfondies. Que cette vidéo soit pour moi une sorte de « palier » me permettant d’aborder des choses plus techniques, se rapprochant plus du secteur de la vidéo, qui m’intéresse de plus en plus, sans délaisser le timelapse. Ce sont deux choses différentes dans l’approche, mais elles se mêlent bien.

J’ai voulu créer deux parties assez distinctes. En premier, ce que je faisais jusqu’à maintenant, des séquences beaucoup basées sur le timelapse, bien que l’hyperzoom soit totalement nouveau pour moi. Mais le tournage de ce dernier est identique, c’est la méthode de post-production qui est nouvelle. Et en seconde et dernière partie de vidéo, une plus grosse présence de plans vidéos fait au smartphone (Galaxy S10) regroupant les festivités et loisirs de la ville.

PRÉ-PRODUCTION :

Découvrir la ville :

Tout d’abord, il faut savoir qu’avant mon déménagement, je n’avais jamais mis les pieds à Lyon. Ni même mes roues. C’est donc une découverte totale.

J’ai donc entrepris plusieurs semaines de recherches; Il fallait que je connaisse les points forts et faibles de Lyon, ce que les lyonnais aiment, n’aiment pas, leurs monuments favoris et où ils passent leur temps libre. Connaitre la ville comme si j’y étais depuis des années, afin de ressentir au mieux le « feeling » de la ville.
Dans ces recherches, je suis tombé sur un groupe Facebook, plutôt actif. J’en profite pour mettre à contribution les lyonnais. Cela va beaucoup m’aider.

Je me suis rendu compte qu’il y avait plusieurs secteurs assez bien définis et parfois totalement opposés (Moderne, ancien, presqu’île plane, colline de la Croix-Rousse, les traboules (que je ne connaissais même pas de nom), différents parcs, etc.) S’ajoutent de multiples recherches également sur Instagram.

Mise au clair des idées :

Je me suis chargé de faire une liste sur papier de tout ce qui pouvait être possible de faire. Puis j’ai mis chaque sujet/idée dans une case d’un tableau Excel, afin d’avoir une vue d’ensemble et de pouvoir déplacer les cases plus facilement pour chercher des assemblages de plans cohérents. J’ai aussi appliqué un code couleur à ces idées, pour savoir ce que je voulais privilégier comme techniques. Timelapse en bleu, hyperlapse en rouge, vidéo en noir, layerlapse en violet, etc.

Lyon, ville lumière, il étais évident pour moi qu’il fallait que je travaille avec quelques layerlapse et jeux de lumière. Puis naturellement, incorporer la fête des lumières.

Par la même occasion, j’ai fait une carte Google Maps avec tous les points repérés et les légendes. Ça peut m’aider à lier des plans et me repérer dans la ville. J’ai une bonne mémoire visuelle.

(Je n’ai pas mis à jour la carte au fur et à mesure. Ce n’est donc pas la version finale, mais voilà à quoi ça ressemble.)

Après de longues journées à tourner les choses dans tous les sens, les plans se mettent en place. Je repasse ensuite sur papier pour être moins limités sur mes idées, gratter le papier, gommer, recommencer… Ça m’aide à sortir les idées de ma tête pour passer à d’autres points.

L’avantage par rapport à Clermont-Fd, c’est que la ville est plus verticale, y compris en sous-terrain avec les parkings. C’est pour cette raison que je voulais en grande partie tester l’hyperzoom, c’est la grande nouveauté dans mon processus créatif. Il y a bien plus de possibilités grâce aux nombreux points de vues sur la ville, le long de la Saône et du Rhône.

J’ai ensuite effectué un gros travail de sélection, parfois pas évident, sur ce que je devais laisser ou garder comme idées. Je ne vais pas énumérer tous les changements qu’il y a pu y avoir du début du projet (2016) à la fin (2020), avec une grosse période où le projet à été laissé de côté, ça serait vraiment trop long. J’aurais facilement pu faire 3 projets différents avec toutes ces idées.

Pour ne pas oublier le déroulé, j’ai mis tout ça au propre en un découpage technique, de cette manière. Teinté en vert une fois la séquence tournée et validée.

Entre le début des recherches et la planification du pseudo-scénario, il s’écoule 3 bons mois.

Recherche de partenariats :

Ayant un projet plus préparé que d’habitude, je décide de monter un dossier de partenariat. Je me dis que c’est peut-être l’occasion de travailler avec une marque ou un magasin. Par exemple, pour les hyperzoom, un deuxième boîtier, avec plus de mégapixels, m’aurait beaucoup aidé sur les crops (zoom dans l’image). On peut voir que c’est parfois limite niveau qualité sur certains passages de la vidéo, mais bon, je n’avais pas trop le choix, c’est assumé. 
Ainsi qu’un zoom plus gros, je n’avais pas non plus de stabilisateur 3 axes à ce moment-là. 

Ce dossier m’a pris encore pas mal de temps, c’est une des raisons qui m’a bloqué au début. Après plusieurs tentatives, refus, attentes de réponses qui durent des semaines/mois, je finis par renoncer. J’en avais un peu marre de cette paperasse et ça n’avançait pas. L’avantage est que je n’ai pas eu de pression supplémentaire. Ça aura duré environ 7 mois.

J’attends plusieurs mois pour m’équiper d’un stabilisateur de moyenne gamme (en pensant faire quelques économies ^^’), mais les mois s’enchaînent, et toujours aucune application Android stable. Les traductions de l’appli sont aléatoires, les moteurs pas assez robustes pour certains plans (hyperlapse photo 360°). Avec le 6D et le 17-40mm f/4 c’est assez lourd.  Il finira à la poubelle quelques mois plus tard, les moteurs ne voulaient plus rien savoir…

C’est à ce moment-là que j’ai un peu laissé tomber le projet.
J’ai donc encore reporté, pour m’orienter sur le Dji Ronin S, sorti plus tard. Qui a su enfin satisfaire mes besoins. Je me suis ensuite équipé d’un doubleur d’objectif pour compenser le manque d’un zoom 400mm.

TOURNAGES, LES DIFFICULTÉS :

Le matériel utilisé pour tout le projet :

Lever de soleil entre les tours Part-Dieu LCL et Incity (Timelapse et Hyperzoom) :

Je voulais commencer la vidéo par un lever de soleil entre les tours en ayant un ciel clair pour voir les Alpes derrière, afin de poser le décor rapidement sur le sujet de la vidéo.
J’ai donc utilisé The Photographer’s Ephemeris, très pratique pour connaître les placements des levers et couchers de soleil et de lune, durant toute l’année.

De base, j’avais mis mon point de repère sur le belvédère de Fourvière et fixé une date en espérant que la météo soit de mon côté le jour-J. Mais à l’approche de cette date, je me rends compte que le belvédère n’ouvre pas assez tôt et que je ne pourrais pas commencer le timelapse de nuit. J’avais besoin de commencer une bonne heure à l’avance pour avoir l’éclairage de la ville sur la fin de nuit.
En général pour des timelapse jour-nuit, je commence 30/45min avant le coucher de soleil et je m’arrête 1h minimum après le coucher de soleil. Le matin, c’est l’inverse, 1h mini avant le lever de soleil et 30,45min après. Sans compter le temps de se mettre en place, se garer, etc.

J’ai décalé à une autre date sur un point de vue plus au sud, j’avais encore du temps. Sauf qu’à cette date, après plusieurs mois d’attente et l’arrivée du Covid-19, on se trouve en plein premier confinement national… Vous me direz que ce n’est pas bien grave, je suis professionnel, donc je peux sortir. Oui, mais non. Car, premièrement, la ville n’était pas animée. Même de loin, ce genre de choses se remarque. Et deuxièmement, ce plan lançait le tout début de la vidéo, et il fallait que j’enchaîne le tournage de l’hyperzoom au Théâtre Gallo Romain (sous-entendu, qu’il soit ouvert) dans le but d’avoir une continuité sur la météo et le lever du jour pour tous ces plans.

J’ai donc fixé une troisième date. Quelques mois passent, et The Photographer’s Ephemeris change ses cartes, le calque « google maps » n’est accessible qu’en version pro désormais…

Quelques jours avant, je re-jète un coup d’œil à la trajectoire du soleil, je me rends compte que la carte google maps m’a induit en erreur, probablement à cause des perspectives des bâtiments en « 3D ». J’ai donc loupé la dernière occasion d’avoir le lever de soleil entre les Tours. Je ferais sans, c’est dommage, mais ça me permettra de mieux exposer la ville. Avec le soleil dans le cadre, j’aurais eu les tours en ombres chinoises. Et pour ce qui est des Alpes en arrière-plan, manqué aussi ! C’était difficile de réunir autant de conditions, mais ça en aurait valu le coût.

Hyperzoom du parc de la Tête d’Or à la Tour Part-Dieu LCL :

À la base, je voulais avoir un dé-zoom progressif du parc pour arriver sur la cité internationale, m’arrêter dessus de jour et faire un layerlapse, puis repartir en dé-zoom lent pour ensuite faire le dérouler jusqu’à la tour de la Part-Dieu.

Cette dernière partie a pu être faite. Mais j’ai dû faire sans le layerlapse sur la cité internationale, car sur le spot il y avait trop de végétation. Pas moyen de trouver un autre spot plus dégagé et en hauteur. De base, j’avais tenté un spot sur un terrain privé que j’avais repéré plusieurs mois à l’avance. Mais entre temps, plusieurs dégradations diverses avaient fait condamner ce spot… J’ai eu l’occasion de demander l’accès au spot à un des habitants, mais en vain… Il a donc fallut que je me rabatte à cet endroit où je vois finalement assez peu la cité internationale.

Chaque partie d’hyperzoom devait être faite le même jour, toujours dans un souci de cohérence de météo/végétation, etc… Avec un seul appareil, je ne devais pas perdre une seconde entre les changements de focales. Le moindre nuage qui disparaît pourrait me donner beaucoup de boulot en post-production pour assembler les plans. L’idéal dans ce cas, c’est d’avoir le meilleur tournage possible.

Je suis retourné 3 fois pour tenter le tournage, mais à chaque fois des choses n’allaient pas. Soleil trop en face, brume/pollution trop présente. Vraiment pas évident. J’ai fini par me contenter d’une journée plus ou moins nuageuse. Mais ça tranchait un peu trop à mon goût avec le plan suivant. J’aurais voulu un ciel similaire. On ne peut pas tout avoir.

Hyperlapse de la Tour Part-Dieu LCL :

Pour ce plan je me suis directement dis « je vais enfin pouvoir essayer un hyperlapse circulaire » autour de la Tour de la Part-Dieu. C’est une idée qui me trotte en tête depuis des années. J’ai donc étudié plusieurs rayons depuis la tour, afin d’avoir le maximum de photos, pour que la séquence ne soit pas trop courte, sachant qu’il faut un minimum de 25 images par seconde dans l’idéal.

Sur l’image ci-dessous, la partie rouge était un premier test : 8 images; C’est trop peu. C’est le parcours vert qui a été retenu. Je réussi à avoir 3 photos supplémentaires, ce n’est pas négligeable. Il ne fallait pas trop s’éloigner de la tour pour avoir une taille cohérente par rapport à la dernière photo de l’hyperlapse droit. (situé juste avant dans le découpage technique) [Cf. trait rouge sur l’image ci-dessous]

De même, pour le plan suivant qui se compose d’un court hyperlapse à reculons jusqu’au parking des Halles. Avant de s’élever par un hyperlapse vertical (une photo par étage) du parking, pour finir sur le timelapse jour-nuit.

J’ai dû courir entre chaque étage pour que les nuages ne saccadent pas trop entre chaque photo.(intervalle de temps réduit au maximum par étage). J’ai abandonné l’idée de l’ascenseur pour éviter les possibles pertes de temps. Dans ce cas, je devrais tout recommencer y compris l’hyperlapse au sol et je serais un peu court en temps pour le jour-nuit qui suit. Je n’avais pas le droit à l’erreur, du début à la fin.

En arrivant en haut, j’ai eu la bonne surprise de découvrir que mon 50mm f,1.8, qui était récemment tombé et que j’avais rafistolé, était de nouveau cassé. Et cette fois, c’était pour de bon. Le lendemain, j’ai dû aller acheter un nouveau 50mm en remplacement. J’enchaînais les jours de tournages et il ne me restait que peu de temps pour finir beaucoup de choses. Il me le fallait d’urgence, sous 2 jours maximum.

Pour en revenir au plan. Après coup, j’aurais préféré dé-zoomer un peu plus au sol pendant l’hyperlapse, car l’ascension est peu visible (due au manque de visuel sur les côtés). On se retrouve en haut du parking sans avoir une sensation de mouvement vertical prononcé.

Hyperzoom du parc de la Tête d’Or à la Tour Part-Dieu LCL :

L’hyperzoom qui suit à été mon tout premier test de cette technique, depuis les pentes de la Croix-Rousse. Je prenais une photo de la position du trépied à chaque tournage, histoire d’avoir le positionnement pour recommencer, on ne sait jamais. Pas de grandes difficultés pour ce plan. C’était surtout de la préparation, comme « combien de plans à telle focale », « quelle inclinaison », « dans quelle direction », etc. Mais si tout est bien calé sur le papier et que le tournage se passe comme prévu, en étant appliqué et rapide sur les changements d’objectif, ça doit bien fonctionner. Avoir une bonne aptitude à se projeter en 3 dimensions aide beaucoup.

Il n’y a pas fallu de deuxième essai. Du temps de gagner !

Flowmotion et Hyperlapse droits :

Les flowmotion où je suis la figurante m’ont donné du fil à retordre. Y compris les hyperlapse droits. Ils ont été fait avec un stabilisateur, une nouvelle manière pour moi de faire de l’hyperlapse. Il a donc fallu du temps pour que je maîtrise l’équipement et pour trouver les réglages adaptés, aussi bien sur le stabilisateur que sur l’appareil photo. Sans parler des problèmes techniques qui me rendaient fou parfois.

Par exemple, lors d’un tournage, le stabilisateur déviait légèrement sur la gauche alors que tous les moteurs étaient bloqués. Une remise à zéro a réglé le souci par la suite, mais ce fut une journée de perdue.

La plupart des séquences ont été tournées 3 fois. Je remercie ma compagne pour sa patience à refaire les prises 36 fois et mes agacements répétitifs contre le matériel ^^. D’autant que lorsqu’on fait ce genre de tournage en public, on est regardés comme des extra-terrestres. J’ai horreur de ça, haha !

Hiver/Printemps – Place du Théâtre des Célestins :

Dans mes recherches, je me rends compte que cette place est particulièrement appréciée des lyonnais, les magnolias sont superbes au printemps. Il existe déjà des hyperlapse en direction de la « lunette » où l’on peut observer le parking souterrain. Je trouve l’idée sympa mais trop simpliste. J’ajoute donc la transition hiver/printemps avant d’avancer en direction de la lunette. Puis j’en profite pour faire une connexion avec le plan suivant, qui se passe juste en dessous.

Pour avoir des séquences qui se superposent au mieux, j’avais pris une photo des pieds du trépied, pour mémoriser la hauteur et sa disposition, puis viser la lunette. Avec ces trois points de référence, j’étais serein pour la prochaine prise plusieurs mois plus tard.

Hyplerpase Vertical du parking des Célestins :

Ce plan m’a demandé pas mal de réflexion. Toujours dans le but d’avoir le maximum de photos, faire une photo par fenêtre me semblait un peu limite. J’ai donc calculé de sorte à faire deux photos par fenêtre. Ça me permettait d’éviter le bout de mur entre les fenêtres, en ayant le même écart entre chaque déplacement.

Pour que la rotation de l’hyperlapse soit la plus régulière possible, il fallait toujours viser en face en s’astreignant à toujours passer par l’axe central de rotation du parking. 
Si j’étais à gauche de la fenêtre, il fallait que je vise le bord droit de la fenêtre d’en face. Si j’étais à droite, je visais à gauche, et ainsi de suite.

Bien que mes calculs me semblaient pas mal, je n’arrivais pas à visualiser l’hyperlapse dans ma tête. Quelque chose me chagrinait. Je me disais que si je visais à chaque fois en face en passant par le centre, une photo sur deux aurait une fenêtre décalée du centre de ma photo.

Le jour du tournage, j’ai recommencé pendant 45minutes les deux premiers étages. Toutes ces fenêtres me perdaient. Parfois, j’en sautais une, parfois, je ne savais plus ou j’en étais. « Je dois viser à gauche ou à droite cette fois ? » Il était également difficile de rester concentré, dans ce parking, il y a peu de place entre les fenêtres et la route, pour sortir du parking, derrière moi. Je me serrais contre le mur à chaque passage de voiture pour ne pas gêner. J’ai aussi essayé de shooter avec un mini trépied sur le rebord des fenêtres, mais j’ai vite laissé tomber.

Le trottoir était si étroit que j’ai dû tout faire à main levée, impossible de placer le trépied sans trop gêner la circulation. Si j’avais le malheur de lâcher mon point visuel et de me déconcentrer, j’étais perdu et il ne me restait plus qu’a recommencer. À force, j’ai pris mes marques et suis enfin arrivé en haut.

Une fois sur le pc, le problème que je pressentais s’est confirmé. Ça donnait une interpolation d’image une fois sur deux, avec une fenêtre décalée une fois sur deux.

Cet exemple vidéo est plus parlant.

J’ai donc pris une photo sur deux pour avoir toutes les fenêtres du même côté sur les photos et le problème fût résolu. Cela me donna finalement deux séquences quasiment identiques. Mieux vaut trop que pas assez !

Transitions d’eau au smartphone :

Je voulais m’amuser et exploiter l’étanchéité du téléphone. Ça m’a permis de connecter quelques plans, il en été prévu beaucoup plus.

Le problème que j’avais à chaque fois, c’est que malgré le verrouillage de ma mise au point et mes divers réglages, tout se déréglait au contact de l’eau. Je me retrouvais avec des teintes bleues, oranges, une mise au point floue. J’ai arrêté de compter le nombre de fois où j’ai dû recommencé.

Ce que je peux dire, c’est que le Galaxy S10 résiste bien à l’eau ! Il est resté mouillé/sous l’eau de nombreuses minutes, à plusieurs reprises. On est maintenant plusieurs mois après, et il n’a toujours aucun problème.

J’ai éliminé la plupart des plans, en ne me contentant que de deux.

Hyperlapse Jour-Nuit du Musée des Confluences :

Cette séquence fut la 1ère occasion pour moi de faire un hyperlapse jour-nuit. Cependant, j’ai eu une mauvaise surprise en arrivant sur place.

J’avais prévu de le faire avec mon grand trépied et à l’objectif ultra grand-angle, le bâtiment étant assez gros de ce point de vue. En hyperlapse, il faut toujours avoir un plan plus large pour compenser la stabilisation, car ça « crop » (zoom/recadre) dans l’image et donc, on peut avoir des bâtiments qui ne rentrent plus dans le cadre en 16/9.

Le problème ici, c’était la barrière du pont qui était beaucoup trop large. Même en collant au maximum le trépied contre, je me retrouvais avec la barrière dans le cadre. Le soleil commençait à décliner, j’ai donc fait un petit sprint jusqu’à la voiture pour chercher le mini trépied (à toujours avoir au cas où).

Je l’ai donc placé directement sur la barrière, et pas contre. Mais, ce mini trépied à rotule n’est pas fameux pour les choses qui demandent de la précision.

Lever de Lune au dessus de la Basilique de Fourvière :

Cette séquence devait être un hyperlapse à reculons. Encore grâce à The Photographer’s Ephemeris, j’ai cherché une date où la lune arriverait juste au-dessus de la Basilique, de nuit, pour commencer l’extinction de la ville.

De ce fait, le calcul fut un peu plus compliqué. Il fallait déterminer l’angle approximatif de la lune par rapport à l’horizon, pour l’avoir au dessus de Fourvière sans qu’elle soit trop haute non plus. À l’aide d’une photo depuis la passerelle (trouvée sur Internet), j’ai appliqué le théorème de Thalès (oui oui, on le réutilise des fois dans la vie…^^). En me laissant une marge d’erreur, j’ai obtenu un angle entre 15° et 25°.

Le 5 Octobre 2017 à 20h27 semblait être pas mal. Je me suis rendu sur place et j’ai vite compris que cela n’allait encore une fois, pas être possible. Les joggeurs, et même de simples marcheurs, faisaient trembler la passerelle. Et à cette heure-ci, autant vous dire qu’ils étaient nombreux à sortir à la fraîche. J’ai tout de même fait quelques photos, car l’ambiance était chouette. C’est d’ailleurs la première page du Calendriers 2022 Lyonnais.

Ce plan tombera aux oubliettes jusqu’à ce que je me remette concrètement dans le projet en 2019/2020. Puis par hasard, début septembre 2020, je regarde et je me rends compte que dans 3 jours j’ai une nouvelle opportunité de saisir ce lever de lune ! Et cette fois-ci, il sera plus tard, vers 23h30. De quoi atténuer la présence de promeneurs. 
Afin d’assurer le plan, je n’ai fait qu’un timelapse. Je ne me suis pas non plus mis au milieu de la passerelle.

D’une pierre deux coups, la Basilique de Fourvière ainsi que les gros éclairages « déco » de la ville s’éteignent chaque soir après 00h. Je voulais avoir l’extinction des lumières juste après le passage de la lune à son sommet. PARFAIT ! 
Sur le moment, des promeneurs intrigués, ont attendu minuit avec moi. Ils voulaient voir ça, la lune plein axe, additionné à l’extinction, ce n’est pas tous les jours.

Le temps passe… Minuit passe… Et Fourvière n’était toujours pas éteinte… 
J’avais pourtant bien vérifié la veille, à minuit pile ça devait s’éteindre. Mais non… Bien évidemment, comme par hasard, c’est ce soir-là que l’heure d’extinction était décalée en prévision du passage à l’heure d’hiver.

Il aurait fallu attendre 1h du matin…. Les promeneurs ont perdu patience et sont partis. Moi, j’ai continué à attendre quelques dizaines de minutes sans vraiment de raison, mais j’ai fini par rentrer aussi. Je n’avais pas du tout envie d’attendre 1h dans le vide pour une seule photo. Je me suis dit que je le ferai en post production.

Extinction de la ville :

Pour marquer la transition entre les deux parties de la vidéo, j’ai voulu surprendre les spectateurs. Provoquer un sentiment de « Ça se finit comme ça ?? ». Pour ensuite enchaîner sur un montage plus dynamique, et mettant en avant les festivités lyonnaises.

J’avais d’abord tenté de faire un timelapse de la ville de nuit, tout simple, puis de l’assombrir et le désaturer pour arriver à un effet « blackout ». Mais les zones fortement éclairées restaient trop visibles. Sur l’ensemble de l’image, la « coupure de courant » ne me plaisait pas.

Je suis retourné sur place un autre jour pour essayer une méthode différente. Faire un timelapse de jour et un de nuit. L’idée était de sous-exposer et désaturer un maximum le plan de jour pour le rendre « noir » et pouvoir ensuite le superposer sur le vrai plan de nuit pour « éteindre » les lumières.

(à regarder de préférence dans un endroit sombre)

J’ai dû aller faire une troisième et dernière fois ce tournage, car mes réglages étaient trop poussés dans les ISO.
Je voulais avoir une circulation fluide alors il fallait des prises de vue rapides. Mais qui dit prises de vues rapides, dit aussi peu de captation de lumière. Et c’est là que le 6D arrive montre ses limites, dans ce genre de plans où la dynamique est importante, pour pouvoir rehausser les basses lumières.

Plans annulés/manquants par la Covid-19 :

Déjà que le projet n’était pas forcement simple, les soucis liés au Covid-19 ne m’ont pas facilité la tâche. Plusieurs plans ont dû être oubliés, en voici quelques exemples :

Lors de la deuxième partie de la vidéo, je voulais incorporer des plans vidéo de feux d’artifices avec des visages émerveillés de profil et les artifices en flou d’arrière-plan. Saisir des émotions. Mais du coup… Annulé.

Je voulais également faire un timelapse du remplissage du stade Lumière en nocturne, et quelques plans vidéos. Idées abandonnées également.

Une bonne partie du printemps fut marquée par le confinement. Et au moins de juin, j’ai préféré me focaliser sur les traques orageuses. J’ai donc aussi raté la majeure partie des fleuraisons du parc de la Tête d’Or. De nombreux plans vidéos étaient prévus, le marché sur les quais, les danseurs de rues, ainsi que d’autres que j’oublie certainement. 
Je n’aurais de toute manière pas utilisé ces plans de jours, suite à ma prise de décision de faire toute la seconde partie de la vidéo en nocturne. (J’en parle plus tard dans l’article)

POST-PRODUCTION/WORKFLOW :

J’ai appliqué sur ce projet tout ce que j’ai appris ces dernières années. Avant, j’avais une démarche plus chaotique, je mélangeais les fps, le traitement de mes images n’avait rien à voir non plus. Je faisais les montages directement en raw sur After Effects. Sans pré-rendu, rien ! J’exportais la vidéo finale avec tous les effets ! Cela prenait des dizaines d’heures, plantait sans arrêt. C’était un enfer pour travailler ! Tout était très lent, trop lent… 
Désormais, je procède étape par étape. De façon plus méthodique, pour avoir une souplesse de montage plus agréable.

Pour ce projet, chaque plan avait son dossier. Mais c’est surtout le cheminement de la prise au montage qui a changé.

  1. Tournage du Timelapse/Hyperlapse
  2. Dérushage sur SSD, à ne surtout pas négliger, ça va gagner du temps sur toutes les étapes suivantes.
  3. J’utilise LRTimelapse pour avoir un aperçu rapide de la séquence. Si elle est mauvaise, je ne perds pas plus de temps à faire le traitement.
  4. Traitement des images sur Lightroom
  5. Passage par LRTimelapse pour le scintillement, même si il n’y en a pas forcement besoin (99% du temps). Et pour les jour-nuit/nuit-jour.
  6. Effacement des oiseaux si besoin. Ça peut provoquer des scintillements et gêner la visualisation.
  7. Importation de la séquence des images raw sur After Effects. Flux de travail en 16bits
  8. Toujours sous After Effects, j’affine les choses pour avoir une séquence la plus « clean » possible. Ça comprend la stabilisation si ça bouge.
  9. Exportation de la séquence en Prores 422 voir 444 pour pouvoir travailler facilement.
  10. Maintenant que j’ai ma séquence toute prête, je la laisse sur le SSD de montage et je mets mes fichiers RAW sur un disque dur de stockage.

Ensuite pour le montage à proprement parlé.

  1. Je travaille sur After Effects pour tout ce qui est compliqué, comme les effets de masque, camera 3D, … etc
  2. L’assemblage final, l’étalonnage, la musique et le sound design sur Premiere Pro.
  3. Exportation de la vidéo finale depuis Première pro en Prores 422 pour avoir un Master en bonne qualité. Et ensuite, je fais mes conversions pour les diffusions sur les sites et réseaux.

Je ne vais pas détailler chaque étape de post-production pour chaque plan. L’article est déjà assez long comme ça. Mais voici quelques détails à savoir sur ce montage :

  • Le 1er hyperzoom (la première minute) m’a pris plus de 50h de travail de montage et à été tourné en une seule matinée. La brume présente ce matin-là ne m’a pas aider à mettre bout à bout les plans de façon naturelle. C’était un des plus gros challenge du projet. Et aussi le plus long hyperzoom.
  • L’hyperlapse circulaire autour de la tour Part-Dieu à été mis deux fois d’affilé pour l’allonger un peu. Mais je suis sûr que vous n’y avez vu que du feu ! De 11 images, je suis donc passé à 22.
  • Pour ce qui est de la « vague » de lumière lors du coucher de soleil sur le croisement de la Part-Dieu. C’est une technique Photoshop que j’ai voulu animer en vidéo. Je trouvais sympa l’idée d’amener la lumière nocturne de cette façon. Pas sûr que cela plaise à tout le monde, mais c’est un choix personnel.
  • J’ai choisi de passer la seconde partie de vidéo en format 2:35 afin de recentrer le regard sur les sujets. Ça m’a aussi permit quelques flexibilités via les bandes noires pour redresser des plans sans trop zoomer dedans. Surtout pour les plans tournés au téléphone. 
    J’ai également évité, sur ces derniers, de trop pousser l’étalonnage car ce sont des fichiers assez compressés. Les plans ont été filmés en profil log avec l’application FilmicPro afin d’avoir un peu de marge de manœuvre quand même.
  • J’avais prévu beaucoup plus de plan de jour pour cette seconde partie. Je pense que j’aurais pu en avoir facilement pour une minute supplémentaire. Bien que ce soit des plans de meilleurs qualités, après une longue réflexion, j’ai choisi de totalement les exclure. On n’est pas au top de la qualité sur les plans de nuit, mais je pense que les émotions qu’on y retrouve sont plus importantes.
  • Toujours sur cette dernière partie, j’ai cherché le plus de cohérence possible sur les gestes, mouvements de caméra, transitions, couleurs. Sacré puzzle. J’ai trouvé cette partie intéressante, mais il y a encore beaucoup de progrès à faire sur les tournages de plans vidéos.

Faisons les comptes maintenant !

La première grosse partie de la vidéo est pratiquement faite uniquement de photos. (Mis à part le passage du jardin botanique du parc de la Tête d’Or et les transitions d’eau)

Le projet comptabilise 36 135 photos.

La préparation du projet (pré-prod), qui comprend : repérage de la ville, recherches d’idées, dossier de partenariat, divers tests : 148H

Les différents tournages : 82H

La post-prod, qui m’a parfois fait m’arracher les cheveux, par méconnaissance ou par limitation de ma configuration pc (je pense que l’on peut enlever bien 1/3 du temps avec une meilleur config) : 444H
Donc, 674H au total.

Entre les photos raw, la préparation des timelapse en vidéo en prores, les vidéos au téléphone et tout ce qu’il aura fallu pour le montage. Cela représente 3.40To de données.

CONCLUSION :

Depuis mes débuts dans le monde du timelapse et du montage, je cherche toujours à approfondir mes connaissances. J’aime beaucoup me challenger. C’est tellement inspirant. L’inconvénient c’est que les projets sont plus longs à sortir. Sachant que tout est à mes frais également, ce n’est pas toujours évident niveau finances.

Pour ces raisons, je vais sûrement me recentrer sur des productions moins complexes, mais surtout moins longues à produire. J’aimerais être un peu plus « régulier » et sortir de petites prod entre une et deux minutes. C’est moins chronophage, et le plaisir du montage est tout aussi présent. Ça permettrait également aux personnes qui suivent mon travail de ne pas attendre des années avant de voir de nouvelles choses.

J’aurais tout de même des projets de fond, de réalisation plus longue mais moins prioritaire. Comme Stormscapes II, qui dépend principalement des saisons orageuses. 

Pour en revenir au projet en lui-même, il y a encore quelques défauts, perfectibles, sur lesquels je vais continuer à travailler sur le long terme. Des hyperlapse à améliorer au tournage, divers tests à faire avec le stabilisateur, des détails en hyperzoom… Essayer de m’équiper un peu plus en terme de captation vidéo si possible (le téléphone ça va 5 minutes).
J’ai encore une grosse marge de progression devant moi !

Si vous avez lu TOUT ça, je vous en remercie, j’espère avoir comblé votre curiosité et que ce projet vous aura fait passer un bon moment. N’hésitez surtout pas à partager cette vidéo autour de vous, de la commenter. C’est la plus belle des récompenses, gratuite, que vous pouvez me faire !


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8 commentaires sur “Lyon Lumens, je vous explique tout

  1. C’est splendide et pourtant je ne connais presque pas Lyon, mais je suis ébahis devant ce travail de folie !!. Je me doute du nombres d’heures et de ce travail titanesque et certainement cheonophage pour avoir un tel résultat…je n’ai pas de mots 💖💖💞

    1. Merci de votre commentaire ici. Oui très chronophage.
      C’est peine perdu si on est pas patient et passionné surtout !

  2. Titanesque !

    1. Merci beaucoup pour votre lecture !

  3. Félicitations pour avoir tenu bon sur la durée, l’article est technique et sûrement apprécié des photographes !

    Bravo, je partage 👏 👏

    Un lyonnais…

    PS : ce serait aussi pas mal qu’il soit visionnable sur une plateforme plus éthique : https://joinpeertube.org/ – développé à Lyon aussi – (avec un lien de soutien vers le paypal)

    1. Merci ! Il à fallut être tenace !
      Merci également de votre partage, ça fait réellement plaisir.

  4. Merci pour toutes ces explications, très intéressant !, bien que je sois amateur et que mon domaine de timelapse soit assez différent, cela donne des idées et de l’inspiration

  5. Un grand bravo, quel patience ! Continuez avec passion !

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